Les indices de maltraitance envers une personne âgée

Les personnes âgées sont vulnérables et elles éprouvent des difficultés à dénoncer des mauvais traitements. Famille, amis, voisins, soignants peuvent repérer les abus et sévices au travers de signes, de symptômes, d’indices.

Qu’entend-on par maltraitance ?

Selon l’agence wallonne « Respect Seniors », la maltraitance est définie comme un acte isolé ou répété, ou une absence d’action, s’inscrivant dans une dynamique relationnelle et entraînant des conséquences négatives sur la personne âgée ou affaiblie de par son vieillissement.

La maltraitance n’est toutefois pas toujours intentionnelle là où le but initial n’est pas malveillant. Par exemple, quand les soins sont effectués trop rapidement par manque de temps, quand la personne ne reçoit que trop peu de visites, quand on lui impose des actes ou quand elle est négligée.
Par ailleurs, la maltraitance n’est pas toujours de nature criminelle non plus : ridiculiser, effrayer, infantiliser, isoler, ignorer, faire preuve de négligence. D’autres cas de maltraitance sont par contre passibles de poursuites : agressions sexuelles, défaut de fournir les nécessités de la vie, harcèlement, menaces, homicide involontaire coupable, séquestration, vol, fraude, extorsion, etc.[1]
Quelle est l’ampleur du phénomène ?

La prévalence de la maltraitance sur personne âgée oscille selon les études entre 2 et 6%. Selon Respect Seniors, agence wallonne de lutte contre la maltraitance des aînés, ce sont dans plus de la moitié des cas les membres de la famille qui sont les auteurs des faits et en particulier l’enfant de la personne victime. Suivent les professionnels en institution pour moins d’une situation sur cinq.

Y a-t-il un profil de victime ?

Certaines personnes âgées sont plus vulnérables que d’autres. Ainsi, celles qui ont déjà été victimes de maltraitance ont plus de risques de l’être à nouveau. De même, si les liens familiaux sont tendus, la dynamique qui en résulte peut provoquer des comportements maltraitants. Enfin, les pertes de mémoire, une assuétude éventuelle, le fait de vivre seul et d’être âgé de plus de 75 ans sont également des facteurs de vulnérabilité.

Approcher une personne âgée susceptible d’être maltraitée 

L’intervenant qui suspecte une maltraitance envers une personne âgée doit se préparer à l’échange qu’il aura avec la supposée victime. Il est primordial, et de manière générale d’ailleurs lorsqu’on s’adresse à une personne âgée, de prendre conscience de ses propres représentations de la vieillesse car elles influencent la subjectivité de la relation et peuvent mener à une banalisation des symptômes, au développement de préjugés et de pratiques discriminatoires (appelées « âgisme »). En outre, la personne âgée est plus susceptible de se sentir en insécurité, d’avoir peur d’être abandonnée ou de perdre ses facultés mentales.
Pour toutes ces raisons, il est nécessaire d’ouvrir un espace d’écoute, sans projection aucune.

Voici quelques conseils préparatoires à la rencontre, repris dans le guide réalisé par la police de Montréal et l’Université de Sherbrooke :

  • Développer la confiance pour faciliter la confidence
  • Faire preuve de compréhension, de respect, de considération et de patience
  • Ne pas mettre en doute les propos de la personne lors de la rencontre
  • Tenter de comprendre comment la situation s’est installée, sans juger
  • Porter attention aux comportements des proches qui pourraient se trahir en manifestant quelque attitude interpellante
  • Poser des questions : êtes-vous inquiet ? Comment cela va-t-il à la maison ? Est-ce que vous voudriez que l’on vous aide ?

Quelles sont les maltraitances à identifier ?

Si la personne ne se confie pas ou trop peu, l’observation pourrait fournir des éléments utiles. Pour cela, il est nécessaire de savoir ce que l’on recherche dans les comportements de la personne et/ou de ses proches (ou soignants).
La maltraitance peut être de différents ordres énumérés ici par ordre décroissant de prévalence :

  • Psychologique, soit des menaces, dépréciations, pressions, infantilisation, déficit d’estime de soi
  • Matérielle, à savoir des abus financiers, spoliation, procuration abusive
  • « Civique » (empêcher de voter …)
  • Coupable de négligence
  • Maltraitance physique.

D’autres maltraitances peuvent apparaître : sexuelles (non-respect de l’intimité physique), médicamenteuses (contention visant à faciliter la vie de l’aidant/soignant), etc.

Quels sont les indices de ces maltraitances ?

Une chose est de savoir ce que l’on cherche, une autre d’identifier les indices de maltraitance. Voici quelques pistes pour aider à déceler les situations potentiellement maltraitantes.

  • Maltraitance psychologique : âgisme, insomnie, perte d’appétit, d’intérêt, pleurs fréquents, désir de mourir, changement brusque d’humeur
  • Maltraitance matérielle : isolement, absence de réseau social qui constitue pourtant un facteur de protection important, insalubrité du milieu de vie, frigo vide, disparition de biens, retraits d’argent irréguliers, non autorisés ou anormaux
  • Maltraitance physique, négligence (apparence, déshydratation, dénutrition, vêtements malpropres ou inappropriés), blessures physiques inexplicables, embarras lors des explications, expression verbale de maltraitance
  • Autres indices comportementaux : cherche l’approbation d’un tiers pour répondre, justifie ou minimise le comportement de la personne maltraitante, évite les contacts visuels, physiques ou verbaux, dit qu’on lui doit de l’argent ou qu’il lui en manque, douleurs, conditions de vie, veut déménager, se contredit, etc.


Vers quels relais se tourner ?

Bruxelles : Infor-Homes (Ecoute Seniors) 02/223 13 43

© Secunews – https://www.secunews.be